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Première partie : l’idéal de Dieu


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De tous les temps, la question de Dieu s’est posée aux êtres humains : existe-t-il ou n’existe-t-il pas un Être suprême à l’origine du monde ? Voilà assurément la plus fondamentale de toutes les interrogations. Elle correspond à quelque chose de très profond en nous et nous aurions tort de l’assimiler à une simple curiosité intellectuelle. Elle touche à un besoin d’absolu qui va au-delà de la religion elle-même.

C’est souvent par la contemplation de la nature que naît en nous le pressentiment d’un absolu. Pour qui a des yeux pour voir, la cohésion du monde est un réel miracle quand l’on songe aux multiples créatures qui le composent. Un accord secret semble lier tous les êtres de l’univers, comme si tous provenaient de la même origine pour aboutir à la même fin. C’est cette prodigieuse unité du cosmos qui persuada des personnes comme Albert Einstein qu’une présence invisible est à l’œuvre derrière le décor du monde : « Ma religion consiste en une humble admiration envers l’esprit supérieur et sans limites qui se révèle dans les plus minces détails que nous puissions percevoir avec nos esprits faibles et fragiles. Cette profonde conviction sentimentale de la présence d’une raison puissante et supérieure se révélant dans l’incompréhensible univers. Voilà mon idée de Dieu. »

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Un point nous frappe dans la profession de foi de l’illustre savant : c’est selon son âme plutôt que selon son intellect qu’il entreprend son approche de l’absolu. À l’opposé, bon nombre de nos contemporains se réclamant de la raison et de la science n’ont plus ce regard intérieur.

Ayant mal assimilé les progrès récents de la science et de la technologie, ils tendent à examiner les choses superficiellement et à les analyser comme des structures au lieu de les découvrir de l’intérieur, si bien qu’ils se laissent étouffer par les réalités matérielles. Par la faute de ce matérialisme ambiant, les êtres humains se sentent comme des étrangers face au monde actuel, face aux autres et, finalement, face à eux-mêmes.

Si nous ne développons pas une vision intérieure, nous resterons toujours fermés à la dimension de Dieu. Dieu est l’âme du monde, la réalité invisible au cœur des choses. Ce n’est pas à travers une expérience qui se situe hors de nous que nous Le connaîtrons, mais au terme d’un cheminement intérieur.

 

L’acte du Créateur


 Bouleversant toutes nos conceptions préalables sur la divinité, l’enseignement de Jésus fait entrer Dieu au cœur de notre vie. Il nous fait découvrir Dieu comme notre Père, un Être personnel, invisible et transcendant, à l’amour absolu. Notre profonde conviction est que cette vérité sur Dieu révélée par Jésus reste toujours valable au siècle de l’atome et qu’elle ne comporte rien d’irrationnel ni d’anti-scientifique.

Par ailleurs, un chrétien animé d’une foi profonde n’a pas à craindre la confrontation avec la raison et la science. Ne serait-il pas absurde d’imaginer qu’il puisse exister une contradiction entre Dieu et les lois d’un univers qu’Il a créé ? Dieu Lui-même est le fondement de la raison et de la science. De même qu’il serait vain de rechercher Dieu au moyen de la seule raison, il serait aberrant de soutenir que tout ce qui touche à Dieu relève nécessairement de l’irrationnel et de l’informulable. La question de Dieu n’est pas une énigme insondable si nous savons poser un regard neuf sur le monde où Son amour et Sa créativité sont partout reflétés. La meilleure manière de nous le figurer est de l’illustrer par l’exemple de l’artiste créateur.

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La démarche de l’artiste est motivée par le désir de réaliser un objet qui est le prolongement concret d’une idée qui l’inspire. Tendu vers cet objectif, l’artiste investira tout son cœur et toute son âme dans l’objet de sa création dont il tirera la joie la plus profonde suivant ce qu’il y aura mis de lui-même. Nous pouvons ainsi voir dans l’acte du créateur un acte de don et d’amour.

De la même manière, c’est la quête d’un objet faisant écho à Son amour qui a motivé le Dieu invisible à engendrer une manifestation visible de Lui-même, le monde créé. Dans Sa création qui Le reflète, Dieu, tout comme l’artiste, trouve Son propre accomplissement.

 

La loi de l’amour


 L’amour de Dieu est à l’origine de toutes choses et se trouve partout exprimé dans l’univers. Le Principe divin se fixe pour tâche de mettre en évidence comment se manifeste cet amour universel.

À la base, il n’y a pas d’amour sans échange. Or, l’échange commence quand il y a deux parties engagées dans un mouvement de donner et recevoir mutuel. Définissant comme partenaire sujet la partie qui donne et comme partenaire objet la partie qui reçoit, nous admettrons un principe universel d’échange entre partenaires sujet et objet centrés sur un projet commun. Ce principe, qui prend son origine en Dieu, est à la base de toute vie, de toute action et de toute création dans l’univers.

Nous constatons, par exemple, une attraction mutuelle entre particule positive et particule négative qui les conduit à former un tout d’un ordre plus élevé ; de même, entre animaux mâle et femelle pour la propagation de l’espèce. L’harmonie des sphères célestes repose sur la même loi, avec les planètes qui tournent autour des soleils et les satellites autour des planètes, formant des systèmes. Au niveau humain, si deux personnes veulent communiquer, l’une doit prendre une attitude d’écoute lorsque l’autre parle ; ce qui, bien entendu, est réversible, chaque interlocuteur pouvant prendre à son tour la parole. Un autre exemple est le rapport entre notre esprit dans la position sujet et notre corps dans la position objet, clef de l’harmonie de la personnalité.

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Il résulte de la prédominance du principe de donner et recevoir que la tendance générale dans l’univers est à l’unification, contrairement au point de vue matérialiste marxiste qui voit la contradiction installée au cœur de toute chose. Il est vrai qu’il se produit parfois au niveau des choses un phénomène de répulsion ou de conflit : par exemple, quand deux atomes de même valence se repoussent. En réalité, le fait que le but naturel de l’atome est de n’entreprendre de relation de donner et recevoir qu’avec son complémentaire est la raison d’un tel phénomène. Il n’y a répulsion ou conflit dans l’univers que quand il s’agit de préserver l’ordre naturel, ce qui ne se produit que de manière occasionnelle. L’on a également fait valoir que l’histoire humaine était surtout une histoire de violence et de luttes, cela à juste titre, mais l’être humain représente un cas particulier sur lequel nous reviendrons dans notre deuxième partie.

Le désir fondamental de donner ce que l’on possède et celui de recevoir ce qui fait défaut sont inscrits dans la nature originelle de tous les êtres. Cette disposition au don de soi et à l’accueil, effet de l’amour de Dieu, permet la création, le maintien et la multiplication de la vie. Elle se retrouve à tous les niveaux de l’existence.

C’est ainsi que le « sacrifice » par la particule de son existence autonome pour former une plus haute entité procède du même mouvement de don de soi que l’amour inconditionnel des parents pour les enfants. Une mère, par amour pour son enfant dont la vie est en danger, est prête sur le champ à sacrifier sa propre vie pour le sauver. D’une manière générale, dans la création originelle, la motivation d’amour et de service au tout est plus forte que l’instinct individuel de vie.

En servant le tout, nous vivons sur un plan d’existence plus élevé qu’en vivant centrés sur nos propres intérêts. L’acte de donner procure une joie encore plus grande que celui de recevoir parce qu’en donnant nous éprouvons notre vitalité, notre richesse, notre pouvoir. Le véritable bonheur, contrairement à une opinion courante, n’est pas celui de la personne qui accapare tout pour elle-même, mais celui de la personne qui sert. Paradoxalement, il est donc de l’intérêt de chacun de donner, de se sacrifier et de participer au but universel. Le révérend Sun Myung Moon l’exprime dans cette simple formule : « Le don total est le chemin de la prospérité parce que c’est le chemin de Dieu. »

La subordination naturelle du but individuel au but universel est le fondement d’harmonie de la création et, dans le cas de l’être humain, rend concevable l’avènement d’une société unie et fraternelle. En fait, l’être humain n’aspire pas, à l’origine, à un isolement égoïste, générateur de conflits, mais à l’échange et à l’amour. Privé d’amour ou d’échange avec le monde qui l’entoure, l’être humain ne peut longtemps survivre sans gravement compromettre son équilibre.

 

Dieu est notre Père


Voulant donner à Sa joie créatrice une expression totale, Dieu a consacré, au sommet de Sa création, un être qui est Son reflet direct et dont Il attend une réponse non pas mécanique mais spontanée à Son amour. Telle est la position privilégiée de l’être humain dans la création de Dieu. Chaque créature se développe automatiquement suivant les principes qui sont inscrits dans sa nature originelle, tandis que, dans le cas de l’être humain, intervient sa capacité de choix. Ainsi, l’être humain est un être conçu à l’image de Dieu, libre, créateur et responsable, objet parfait de Son amour.

Parce que la nature de l’amour n’est pas d’imposer par la contrainte, mais de convaincre par la valeur de ce que l’on a à donner, Dieu demande une réponse consentante à Son appel. Nous gardons tous le besoin de nous sentir reconnus pour notre propre valeur, qui n’est pas un désir de simple vanité, mais qui est un attribut de l’amour. De même, Dieu désire recevoir gratitude et glorification venant d’un être libre comme l’être humain.

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À l’origine, Dieu voulait entretenir un rapport très proche avec les êtres humains, mais, à cause de leur déchéance, les humains ressentirent en Lui un Être éloigné, abstrait et impersonnel. Ainsi, beaucoup de croyants conçoivent Dieu comme le « Tout-autre ». Par crainte de Le rabaisser au niveau de l’être humain, ils refusent de voir en Lui un Père et de s’adresser personnellement à Lui dans la prière. En fait, si nous adoptons une telle attitude, nous fermons notre cœur à Dieu. Bien loin d’être le « Tout-autre », Dieu est le « Tout-proche », prêt à nous envelopper de Sa présence et à nous prodiguer toutes Ses bénédictions. « La vérité la plus centrale et fondamentale dans l’univers est que Dieu est le Père et que nous sommes Ses enfants. Nous sommes tous créés comme enfants de Dieu. Et il n’y a rien de plus proche, rien de plus profond, rien de plus intime que lorsque Père et fils sont un : un dans l’amour, un dans la vie et un dans l’idéal. » (Sun Myung Moon)

La pauvreté de notre relation avec Dieu découle de notre ignorance de Son cœur de Père. De même que nous recherchons dans l’être aimé la personne qui saura nous ouvrir son cœur, Dieu souhaite la communion suprême, le partage total avec Ses enfants. Dieu veut qu’un sourire permanent éclaire le visage des êtres humains en réponse fidèle à Son amour. Il n’est pas cet Être souverainement détaché des réalités humaines que certains ont voulu dépeindre. Tout refus de rencontre de notre part frustre terriblement Son cœur de parent. La tragédie de l’histoire humaine fut que, dès l’origine, les êtres humains se coupèrent de Dieu en s’engageant dans une voie contraire à celle qu’Il avait prévue.

 

L’être humain vers son accomplissement


 Il est un autre principe de la création de Dieu : le principe de croissance, suivant lequel chaque être avance par étapes vers son propre accomplissement. L’être évolue ainsi vers ce que nous définirons comme son état de perfection. Nous entendons par état de perfection non pas un idéal insurpassable, mais le stade de la maturité. C’est à l’état de perfection que l’être prend la pleine possession des facultés qui lui ont été attribuées par Dieu selon son espèce. L’être parfait est un objet de joie pour Dieu, car il reflète totalement Son idéal originel.

Dans le cas de l’être humain, la croissance s’effectue normalement en fonction des caractéristiques de la nature humaine originelle. Le trait essentiel de la nature de l’être humain est de comporter deux aspects, intérieur et extérieur, invisible et visible, correspondant à ce que l’on nomme l’esprit et le corps. L’esprit est essentiellement voué à la poursuite d’un idéal, alors que la fonction du corps se situe au niveau de l’action. Centré sur des valeurs éternelles et absolues, l’esprit est le facteur de stabilité de la personnalité, tandis que le corps est borné dans le temps et dans l’espace. Le rôle du corps n’en demeure pas moins important, car, pour maintenir la force d’un idéal, une action est nécessaire. Tout idéal demande une concrétisation et le corps doit en conséquence obéir à la direction de l’esprit. Par contre, si le corps impose sa volonté, l’équilibre harmonieux de la personnalité est rompu. Centré sur ses désirs égoïstes et matériels, l’être humain perd tout rayonnement spirituel et sombre dans la déchéance.

Pour s’accomplir véritablement, l’être humain doit retrouver l’inspiration d’un idéal et, en particulier, du plus intense de tous les idéaux, l’idéal d’amour. L’amour correspond à l’aspiration humaine la plus fondamentale. Il suffit d’observer le cas des enfants caractériels privés de la tendresse de leurs parents, pour se rendre compte des désordres qui résultent de l’inassouvissement de ce besoin d’amour. Sans un amour vécu, notre vie nous semble vide et dépourvue de sens. Finalement, ce n’est qu’en Dieu, source de l’amour véritable, que notre exigence d’amour et d’absolu trouve entière satisfaction. Dieu apporte une dimension universelle et éternelle à l’amour sans laquelle celui-ci s’étiole.

C’est en apprenant à recueillir l’amour de Dieu dans la position de Son enfant et à dispenser lui-même cet amour que l’être humain grandit spirituellement. Ce double mouvement d’accueil et de don de l’amour s’établit ainsi au plus profond de l’être humain, lui devenant aussi naturel que les mouvements de la respiration. Il en résulte la double nécessité de la contemplation et de l’action, l’indissolubilité des deux commandements donnés par Jésus : « Aimez Dieu » et « Aimez votre prochain ». Ainsi, toutes les bénédictions que nous recevons de Dieu appellent une mise en application, tout élan de l’âme doit s’accompagner d’un acte qui le cristallise. De cette manière, s’incarne progressivement l’idéal de Dieu à travers chaque personne.

La perfection de la personnalité consiste ainsi dans l’unité entre l’esprit et le corps, scellée par le pouvoir de l’amour de Dieu. Cet état d’union avec soi-même et avec Dieu ne s’établit pas instantanément ; il est l’aboutissement de tout un chemin de croissance et d’un effort continu de développement du cœur. Une fois parvenu à l’état de perfection, l’être humain est entièrement habité par l’esprit de Dieu. Il est capable de mettre en pratique l’idéal de Dieu dans toutes les circonstances. Il est pour Dieu qui trouve en lui un reflet parfait, la source de la joie la plus profonde.

 

L’idéal de la famille au centre de l’idéal de Dieu


 Dieu créa l’être humain non seulement esprit et corps, mais aussi homme et femme. D’une manière générale, toutes les créatures de Dieu comportent deux aspects complémentaires sous la forme de la masculinité et la féminité ou de la positivité et la négativité. Cette polarité est le fondement de toute existence et de toute vie. C’est ainsi que la matière est le produit de la rencontre entre une énergie positive et une énergie négative. Au niveau biologique, il y a production d’une nouvelle vie à partir de la conjonction entre mâle et femelle. 

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Chez un être spirituel tel que l’être humain, l’union entre l’homme et la femme ne se situe pas uniquement au niveau physiologique, mais également au niveau spirituel, l’homme et la femme incarnant deux aspects complémentaires de l’amour de Dieu. La masculinité et la féminité chez l’être humain, loin de se ramener à une simple fonction biologique, affectent le caractère de l’homme et de la femme en profondeur. Les qualités masculines : rigueur, capacité d’abstraction, créativité, esprit d’entreprise, autorité paternelle, contrastent avec les qualités féminines : intuition, sens du réel, réceptivité, endurance, tendresse maternelle. Ce point est essentiel pour une compréhension de la nature originelle de l’être humain. Il explique que toutes les aspirations humaines à l’amour culminent dans l’idéal de la famille, c’est-à-dire dans la relation d’époux à épouse ou de parents à enfants.

Le Principe divin nous permet de définir clairement le rapport qui lie l’idéal de la famille à l’idéal de Dieu. Le couple est le reflet de la polarité universelle entre masculinité et féminité qui prend son origine en Dieu, tandis que l’amour parental est la reproduction exacte sur le plan humain de l’amour de Dieu le Père pour Ses enfants. Comme nous l’avons vu, la relation parent-enfant est la plus fondamentale dans l’univers. L’enfant est surtout formé à travers l’hérédité et l’éducation que lui transmettent ses parents. Si ses parents ne lui communiquent pas un idéal élevé et un sens affirmé de la moralité, toute la personnalité de l’enfant en sera affectée.

L’enfant étant le reflet de l’amour de ses parents, le couple ne peut simplement vivre d’un amour mutuel qui exclut Dieu comme le reste du monde. Le couple doit s’ouvrir à la présence de Dieu, qui lui confère une valeur absolue, et au monde. Ainsi centré sur l’idéal de Dieu, le couple est en mesure de remplir sa mission universelle.

La famille idéale est le lieu privilégié où s’épanouit l’amour de Dieu. Dans la famille idéale, chacun peut développer sa pleine capacité d’amour en réalisant l’amour de Dieu en trois temps : l’amour passif dans la position réceptive d’enfant, l’amour mutuel avec le conjoint et finalement l’amour actif inconditionnel pour les enfants.

La famille étant la cellule de base de la société, le type de rapport qui se développe entre ses membres trouvera un prolongement naturel à un niveau beaucoup plus large. C’est ainsi que si l’amour de Dieu est présent au sein de la famille, les relations entre les hommes dans la société en seront entièrement transformées. Un esprit de service et d’échange gagnera l’ensemble de la communauté humaine et toutes les barrières qui séparent les humains disparaîtront. Il en résultera une société de vie où l’amour de Dieu circulera librement, aboutissant à la construction de nations idéales et d’un monde uni et harmonieux. Tel est le Royaume de Dieu sur la terre. Ainsi, c’est fondamentalement à partir de l’expérience de Dieu vécue au niveau de l’individu et de la famille qu’il est possible de métamorphoser toute l’humanité.

Ayant atteint son accomplissement total, l’être humain, unifié par l’amour de Dieu dans tous les aspects de son être, devient le reflet vivant de Dieu. Le cœur de cette personne, en union absolue avec le cœur de Dieu, devient le centre de rayonnement de l’amour de Dieu sur la terre. Parce qu’il détient le pouvoir de l’amour, l’être humain parfait est qualifié pour dominer tous les éléments dans la position de Seigneur de la création.

Sur la base de la compréhension de l’idéal de Dieu introduite par le Principe divin, les bénédictions attribuées à nos premiers ancêtres : « Croissez, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la » nous révèlent leur signification cachée. La première bénédiction, « Croissez », s’applique au développement de la personnalité. La deuxième bénédiction, « Multipliez, remplissez la terre », a trait à la réalisation de la famille idéale. Enfin, la troisième bénédiction, « Soumettez la terre », concerne le rôle central de l’être humain dans le cosmos. Notons également que le récit de la Genèse nous confirme que c’est à travers l’homme et la femme, représentés par Adam et Ève, que doit s’accomplir l’idéal de Dieu. Telle est l’immense importance dans le plan de Dieu de l’idéal de la famille, ce que le christianisme traditionnel n’a jamais clairement perçu.

 

Le Royaume de Dieu sur la terre


 Contrairement à l’idée, très répandue parmi les milieux chrétiens, qui veut que le matériel soit méprisable par opposition au spirituel, l’idéal de Dieu doit se réaliser non seulement dans l’au-delà, mais également dans notre vie terrestre. Le monde matériel, que Dieu créa en constatant que « cela était bon », reflète la pure beauté de Dieu et n’est pas assimilable au mal. Le mal n’a rien à voir avec le matériel et le terrestre, mais plutôt avec une déviation de l’idéal de Dieu qui se situe à un niveau spirituel. Effectivement, quelle raison pourrait pousser Dieu à renier un monde matériel qu’Il a Lui-même créé ? Son idéal doit logiquement embrasser l’ensemble de Sa création, terrestre aussi bien que spirituelle.

Toutefois, l’attitude de méfiance de beaucoup de chrétiens envers la matérialité n’est pas entièrement injustifiée du fait que l’être humain déchu a tendance à se laisser dominer par ses instincts matériels. Aussi, un certain retrait vis-à-vis de l’aspect matériel de la vie est dans un premier temps nécessaire pour une purification intérieure. Mais, dès que l’esprit est assez fort, les choses matérielles ne peuvent plus le corrompre.

Nous n’avons pas à dissocier le matériel du spirituel. La créativité humaine s’exerce de fait dans sa maîtrise des choses matérielles. De même que l’idéal né de l’esprit a besoin du corps pour se révéler, l’idéal de Dieu doit se manifester dans des projets concrets. Il nous faut distinguer sans équivoque l’attitude matérialiste qui consiste à accaparer des richesses dans un but égoïste et l’élan créateur qui inspire l’homme d’action. La différence se situe au niveau de la motivation intérieure.

En conséquence de la dissociation artificielle que l’on voulut opérer entre le spirituel et le matériel, le monde matériel prend aujourd’hui sa revanche en bannissant Dieu et la spiritualité de son domaine. Ainsi, sous l’influence des idéologies matérialistes contemporaines, l’on tend actuellement à confiner Dieu dans l’Église ou dans la vie privée, sous-entendant que si l’on faisait à Dieu une place importante, l’être humain risquerait de s’en trouver amoindri. Cette tendance est très préjudiciable, car seul Dieu est en mesure de procurer de véritables solutions aux problèmes de l’humanité.

Dieu doit au contraire Se manifester partout dans la société. Il ne s’agit pas, bien entendu, d’imposer par la contrainte une nouvelle forme de théocratie, mais de révolutionner la vie humaine à partir de l’expérience de Dieu. C’est dans cette optique que le révérend Sun Myung Moon évoqua dans ses discours publics en Amérique l’idéal du « Godism » (« Dieuisme ») selon lequel Dieu doit être placé au centre de toutes les activités humaines. Là réside la clef d’une transformation en profondeur de l’humanité et non pas dans un bouleversement a priori de nos structures socio-économiques.

Beaucoup de signes nous montrent qu’actuellement une révolution se prépare dont le point de départ est en Dieu. Dès aujourd’hui, il est essentiel qu’une nouvelle humanité se lève à l’appel de Dieu pour définitivement subjuguer le pouvoir spirituel du mal et instaurer pour l’éternité le règne de Dieu sur la terre comme au ciel.

 

Réalités visibles et invisibles


 Les êtres humains se trouvent dans une tragique situation d’ignorance sur le but de leur vie et le but des choses qui les environnent. Plongés dans un univers d’absurdité, ils ne savent plus quel comportement adopter vis-à-vis du monde, des autres et d’eux-mêmes.

Pour retrouver une direction au milieu de ce chaos, nous avons besoin de la connaissance essentielle : celle du but intérieur de notre vie. Tel est l’objet de la recherche des différentes religions. De même que la science nous révèle les lois du monde physique, la religion doit répondre à nos interrogations sur le sens de la vie et sur l’au-delà de ce monde matériel. La connaissance intérieure que donne la religion nous permet de régler notre comportement selon la volonté divine et d’ainsi retrouver l’accord avec notre nature profonde.

Les religions ont toujours trouvé un écho dans l’âme humaine, car les êtres humains de tous temps ont pressenti intuitivement que les réalités de ce monde avaient un prolongement invisible. Le Principe divin a pour mérite de nous enseigner avec clarté en quoi consiste cette réalité invisible. Selon le Principe divin, nous possédons, en plus de notre être physique en liaison avec le monde physique, un être spirituel en liaison avec le monde spirituel.

De même qu’il existe un monde physique perceptible à nos sens physiques, il existe un monde spirituel que nous ne percevons plus en tant qu’êtres humains déchus, du fait de la perte de notre sensibilité aux choses spirituelles. Ce monde spirituel n’est pas un monde d’illusion, mais un monde pleinement réel où les êtres humains vivent après leur mort physique avec un corps spirituel, de la même manière qu’ils vivent actuellement sur terre avec un corps physique. Saint Paul y fit parfois référence : « On est semé corps physique, on est ressuscité corps spirituel. S’il y a un corps physique, il y a aussi un corps spirituel. » (1 Co 15.44)

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Lutte de Jacob avec l’Ange, fresque d’Eugène Delacroix à l’église Saint-Sulpice (Paris)

L’existence du monde spirituel est un thème dont on fait malheureusement un objet de curiosité ou de controverse. En fait, la question du monde spirituel mérite notre plus sérieuse attention, tout d’abord parce qu’énormément de problèmes humains d’ordre psychologique ou moral sont d’origine spirituelle. Le monde spirituel exerce effectivement son influence sur les êtres humains vivant sur terre au niveau de leurs pensées, de leurs désirs et de leurs sentiments. Les êtres humains, dans leur état de déchéance, ne perçoivent pas la cause de ces influences et les subissent sans même savoir les maîtriser. Assurément, une connaissance précise de la manière dont travaille le monde spirituel nous permettrait de résoudre un nombre considérable de nos problèmes.

Ensuite, nous devons connaître dans quelle mesure notre vie sur terre conditionne notre vie éternelle dans le monde spirituel, de manière à pouvoir lui donner la bonne orientation. Ce n’est certainement pas par coïncidence que Dieu a créé l’être humain comme un être destiné à vivre tout d’abord sur terre. La terre est effectivement le lieu où nous formons notre esprit au moyen de certains accomplissements. Selon ce principe, nous ne récoltons dans le monde spirituel que ce que nous avons semé durant notre séjour sur terre.

Le véritable facteur déterminant notre situation dans le monde spirituel est notre aptitude à recevoir et transmettre l’amour de Dieu. Si, durant notre vie sur terre, nous développons notre capacité de percevoir l’amour de Dieu et d’agir en fonction de Sa volonté, nous serons destinés aux lieux les plus élevés du monde spirituel. Si, en revanche, nous avons accumulé le mal et conservé un cœur insensible et arrogant, nous serons dirigés vers les lieux du monde spirituel où l’amour de Dieu ne pénètre pas.

Ce serait une erreur de penser que nous sommes jugés uniquement selon nos croyances. Beaucoup de personnes ont le mérite d’accomplir le bien et de répandre l’amour autour d’elles sans entretenir de relation personnelle avec Dieu. Les accomplissements de ces personnes sensibles à l’appel de leur nature originelle peuvent être reconnus par Dieu. Néanmoins, il n’est pas possible en restant ignorant de Dieu de poursuivre notre croissance spirituelle au-delà d’une certaine limite, car la source de l’amour réside dans le cœur de Dieu.

Aussi devons-nous faire l’effort d’établir une communication avec Dieu. Tel est le sens de la prière. Nous évoluons la plupart du temps dans une atmosphère spirituelle négative où nos cœurs restent insensibles à la volonté et au cœur de Dieu. L’objet de la prière est de briser cette négativité spirituelle, de purifier les désirs de notre cœur et d’établir une relation intime avec le Père. Par la prière, il s’opère ainsi une recréation intérieure de toute notre personnalité dans le sens de Dieu.

Il est nécessaire que notre vie de prière s’accompagne d’une action, ou sinon il n’en résultera aucun bénéfice spirituel. Toute action accomplie à partir d’une motivation pure fixe dans notre cœur l’idéal originel de Dieu. Nos accomplissements terrestres sont les barreaux de l’échelle figurant notre croissance spirituelle.

Une fois achevée la perfection de notre personnalité sur terre, nous pouvons jouir de nos pleines facultés dans le monde spirituel. Si, par contre, nous quittons cette vie terrestre sans avoir réalisé la perfection – ce qui, en fait, est le cas de tous les êtres humains déchus -, il nous est encore possible de poursuivre notre croissance dans le monde spirituel, mais cela demande une procédure beaucoup plus lente et complexe. D’où l’immense valeur de notre vie terrestre et l’importance qu’il y a à en tirer bénéfice immédiatement.

 

L’être humain, seigneur de la création


 Nous gardons trop souvent une conception sentimentaliste et passive de l’amour, ne tenant pas compte de son aspect actif et créateur. En fait, il n’est pas de plus grand pouvoir dans l’univers que le pouvoir de l’amour. C’est à partir de sa capacité à prodiguer l’amour de Dieu que l’être humain prend une position centrale dans le cosmos. Tout comme Dieu doit devenir le centre de la vie humaine, esprit et corps en unité, l’être humain doit devenir le centre unificateur des deux mondes, spirituel et physique, composant le cosmos.

Toutefois, l’être humain n’a jamais été en mesure d’achever l’idéal de Dieu. Incapable d’assumer sa domination sur la création, l’être humain déchu est soumis aux caprices de son environnement. Il se trouve assailli en lui et hors de lui par tout un ensemble de forces spirituelles et matérielles sans parvenir à les maîtriser. Par la faute de l’être humain, la création est elle-même plongée dans le chaos et attend fébrilement que l’être humain réalise sa part de responsabilité : « Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu : si elle fut assujettie à la vanité, – non qu’elle l’eût voulu, mais à cause de celui qui l’y a soumise, c’est avec l’espérance d’être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. » (Rm 8.19-22)

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Il est essentiel que l’être humain prenne conscience clairement, mais sans arrogance, de sa mission cosmique au cœur de la création. Les chrétiens tendent trop souvent à méconnaître ce point parce qu’ils veulent à tout prix amoindrir l’être humain au nom de l’humilité. Il est effectivement important de faire preuve d’une grande humilité dans notre rapport avec Dieu, mais nous n’avons pas pour autant à nous complaire dans la considération de notre insignifiance face à Lui. Une telle attitude qui se veut d’humilité aboutit en fait à la négation de la vraie grandeur de l’être humain. Les chrétiens doivent les premiers tenir compte de la revendication légitime des êtres humains à leur dignité d’enfants de Dieu et de seigneurs de la création. Sinon, des personnes sincères, déçues par la mauvaise compréhension qu’a le christianisme de la personnalité humaine, l’abandonneront pour se tourner vers des philosophies qui exaltent l’être humain à l’exclusion de Dieu.